Nora Fraisse
Le livre de poche
2015
2015
Résumé :
Marion, ma fille, le 13 février 2013, tu t’es suicidée à 13 ans, en te pendant à un foulard, dans ta chambre. Sous ton lit en hauteur, on a trouvé ton téléphone portable, attaché au bout d’un fil, pendu lui aussi pour couper symboliquement la parole à ceux qui, au collège, te torturaient à coups d’insultes et de menaces. J’écris ce livre pour te rendre hommage, pour dire ma nostalgie d’un futur que tu ne partageras pas avec moi, avec nous. J’écris ce livre pour que chacun tire les leçons de ta mort.
Mon avis :
J'ai acheté ce livre peu de temps après avoir lu Treize raisons, je n'avais pas envie de me replonger tout de suite dans une histoire de suicide, surtout que cette fois-ci, elle était vraie, elle était traitée par la maman, remplie de colère et de douleur, d'envie que les choses changent.
C'est "amusant" de constater que quand je lis ce genre d'histoire, malgré le fait qu'on sait qu'il sera question d'un suicide, j'ai toujours l'espoir qu'au fil des pages, la personne change d'avis, qu'une main amicale viendra se poser sur son épaule, qu'on viendra lui dire que ça ne vaut pas le coup. Car dans cette histoire, ça ne vaut vraiment pas le coup.
Je pensais que l'histoire se déroulerai un peu avant, comme un journal intime, comme si c'était la petite Marion qui raconterait l'histoire, mais c'est idiot de penser ça. Encore une fois, elle ne survit pas, mais j'ai du mal à me le mettre en tête. C'est donc la maman, Nora, qui raconte "l'après", un après bouleversant, injuste et odieux, un "après" sans compassion, sans empathie. L'auteur le dit elle-même, c'est à croire que tout le monde se fiche de la mort de la petite Marion. Terrifiant et pourtant réel.
Beaucoup d'éléments se répètent, Nora revient régulièrement sur des éléments déjà abordés, mais ce n'est pas trop grave à la lecture, et puis on comprend aussi que c'est une maman chamboulée qui écrit, une maman qui ne comprend pas, qui se torture peut-être même un peu l'esprit afin de comprendre, se demandant comment elle aurait pu l'éviter tout en essayant de se convaincre qu'elle n'est pas fautive. Mais cette femme est très courageuse et cela se sent dans ce livre. Ce qu'elle doit affronter, entre la mort de sa fille, les média, la pression de l'établissement scolaire, le manque de soutien de la part de... Tout le monde, etc. Et pourtant, elle se bat, avec l'aide de son mari, pour dénoncer le harcèlement scolaire, pour dénoncer l'absence des adultes pour cadrer les jeunes...
À un moment, Nora parle d'une chanson de Keen'v, Petite Emilie, je ne connaissais pas alors j'ai voulu l'entendre, surtout parce que la maman disait que cela racontait un peu l'histoire de Marion et elle. J'avoue avoir versé ma larme, même si ce n'est pas du tout mon genre de musique, imaginer que des gens, des enfants puissent en arriver là... Quand on est enfant, on rêve, on joue, on rit de tout. On ne devrait pas penser à la mort, la mort c'est pour les gens très vieux, très très vieux.
J'avoue avoir eu une pensée pour les jeunes d'aujourd'hui et les jeunes futurs. Que deviendront-ils, que feront-ils ? Cette petite Marion était gentille, généreuse, intelligente... Sa relation avec sa famille était exemplaire, elle avait un petit ami avec qui tout se passait bien, elle aimait ses frère et soeur, elle soutenait les "rejetés" de son école... N'a-t-on pas le droit d'être ainsi à 13 ans ? Doit-on obligatoirement se moquer des autres, être mesquins et méchants ? Comment soutenir un enfant dans un pareil cas ? Doit-on l'encourager à se démarquer, quitte à être rejeté et harcelé, ou à suivre le groupe, quitte à jouer le rôle du bourreau ?
Ce livre soulève beaucoup de questions sans réponse, mais dévoile une vérité qu'il ne faut pas minimiser : Le harcèlement scolaire peut tuer, soyez vigilant.
